Titre : Ecran de sang
Auteur : Lovereding
Genre : Nouvelle, Thriller
Thème : Caméra
Page : 4
Note : Afin que cette histoire ait un semblant de sens, j’ai
effectué différentes recherches pour ne pas tomber dans la confusion. Mais
n’ayant pas trouvé toutes les réponses à mes questions, je me suis permis d’une
part, de ne pas trop entrer dans les détails, histoire de ne part perdre le
lecteur en route, dans un sujet que je ne maitrise absolument pas, et d’autre
part, inventer les informations qui m’ont fait défauts. De faite, dans cette
nouvelle, je vous conduis dans un monde autrement plus que fictionnel. Bonne
lecture. Merci.
Samedi 31
Juillet 2004 - 7 h 30 du matin.
Je vois.
J’entends. Mais je ne peux m’exprimer sinon qu’avec un clignement d’œil. Ou
deux. Je me sens étrange. J’ai
l’impression d’avoir émergé d’un sommeil profond qui aura duré une éternité.
J’ai cette sensation bizarre que mon corps m’ignore totalement. Je tente de lui
commander de bouger… Lever la main, tourner la tête… mais rien. Il ne semble
pas recevoir mes appels. Curieux !
J’entends
du bruit. Quelqu’un arrive. C’est alors que je prends conscience que je ne suis
pas chez moi. Où suis-je ? Blanc. Tout est blanc. Un hôpital ?
Impossible, il n’y a pas de caméra reliée à un écran noir qui étrangement,
déchire la blancheur immaculée des lieux. Les murs sont blancs, le sol est
blanc, le lit blanc, le peu de mobilier, blanc aussi… Ma tenue blanche, également…
Soudain,
je réalise. C’est moi, qui apparais dans la petite boite noire. Qu’est-ce que
tout ça signifie ? Une voix. J’entends une voix qui s’élève. Grave. Un
homme. Qui est-il, où est-il ?
-
Bonjour
Monsieur X…
-
…
-
Vous
devez certainement vous demandez ce que vous faites ici… c’est bien normal… Un
accident…
-
…
-
Vous avez
été victime d’un accident… un terrible accident qui vous a plongé dans ce qu’on
appel le syndrome d’enfermement… en avez-vous déjà entendu parler monsieur
X ?
-
…
-
Bien sûr,
vous ne pouvez pas me répondre… mais chaque chose en son temps voulez-vous…
Pour le moment, je vais vous expliquer ce qui va se passer. Nous allons vous
laisser visionner un film. Un film dans lequel, vous êtes le héro. Un film qui
raconte l’histoire de votre vie monsieur X…
« Pourquoi
m’appelez-vous monsieur X, mon nom est Léonard ».
-
Vos
lèvres ont encore bougé monsieur X… Vous vous demandez peut-être pourquoi je
vous appel monsieur X… On va dire que c’est pour les besoins de l’expérience.
Bon visionnage monsieur X… Ah… une dernière petite chose monsieur X, pendant que vous vous admirerez, ne fermez
pas les yeux… JAMAIS !
Qu’est-ce
que ça veut dire… que ce passe-t-il ? Je n’y comprends rien. Qui est cet
homme et que me veut-il… ? De quel film parle-t-il, je n’ai jamais tourné
de film de ma vie… Et pourquoi diable suis-je cloué sur ce lit… Je ne suis même
attaché et pourtant, impossible pour moi de faire le moindre geste… c’est quoi
ce putain de syndrome… C’est quoi ce baratin, il a dû me faire quelque chose,
me paralyser ou je ne sais quoi… Autant de questions qui n’auront sans doute
pas de réponses… du moins pas dans l’immédiat. Autant de questions, qui déjà me
torturent l’esprit tant je ne peux rien faire d’autre que penser, penser,
penser… Je suis seul face à cet écran noir dans lequel je n’apparais d’ailleurs
plus… A présent, je vois des enfants. Une fille, puis un garçon… Qui
sont-ils ? Mes enfants peut-être… mais que m’a-t-on fait ? Un
accident. Il a dit que j’avais eu un accident tragique. Pourquoi tragique, la
mémoire ça se récupère, non ? Une
paralysie totale et la mémoire qui flanche… Ca commence bien…
Oh, oh,
oh ! C’est quoi ce bordel… non, non, non, je ne veux pas voir ça… pourquoi
il se déshabille ce gamin ? Qui est la voix qui donne des ordres… Oh mon
dieu…
« Aaaaaahh… »
-
Je vous
avez dit monsieur X de ne pas fermer les yeux… clame une voix dans les
haut-parleurs…
Qu’est-ce
que c’était que ça… Une décharge électrique ? Ca fait un mal de chien…
Bordel de merde, dans quel merdier je me suis encore fourré… C’est quoi cette
expérience de malade… malgré la douleur, les questions fusent à une vitesse
démesurée dans ma tête, je ne comprends toujours pas ce qui m’arrive…
«
Je vous en prie, arrêtez ça »
Encore
une décharge. Plus puissante cette fois-ci. Putain, j’ai encore fermé les yeux.
De toute évidence, on me surveille. Qui ? Pourquoi ? Mon regard se
tourne à nouveau vers l’écran, devenu momentanément noir. Ces bâtards ne
veulent pas que je rate une miette… Je
me force à garder les yeux bien ouvert,
rivés droit sur l’écran, la séquence reprend.
L’enfant
contraint de retirer ses vêtements tremble comme une feuille. Des larmes commencent
à couler le long de ses joues, il essaye pourtant de ne pas pleurer mais c’est
plus fort que lui… La voix lui interdit de pleurer. Il lui cri de se taire…
mais l’enfant pleure. Il a peur. La jeune fille apparait à côté de lui, tente
de le calmer… une main apparait alors à l’écran et claque brutalement contre sa
joue… Mais elle, elle ne pleure pas. Si elle pouvait lui crever les deux yeux,
là tout de suite, elle ne s’en priverait pas… L’enfant est à présent nu comme
un ver. La caméra change de point de vue, l’enfant disparait de l’écran. Juste
un mur blanc… mais elle film toujours et ce que j’entends me crève le cœur…
L’enfant
hurle à plein poumon. « Ne cri
pas lui enjoint la voix ».
L’enfant ne peut s’en empêcher, ce sont des hurlements de douleur. « C’est
pour ton bien, ce que je te fais là, mon garçon »…
« Fais quoi, PUTAIN ? »
L’enfant
réapparait à l’écran, plus cramoisi que jamais. Il pleure de plus belle. Il a
les cheveux tout ébouriffé… Putain de merde… il saigne… C’est quoi ce bordel… « Alors mon petit, c’était bien
n’est-ce pas … » chatonne presque la voix… mais l’enfant de
répond pas… « Je t’ai posé une
question » cri la voix… l’enfant s’oblige à répondre tant il est
effrayé de ce qui lui arrive, de ce qui risque de lui arriver… encore… « Oui… » Crache-t-il
doucement… puis il s’effondre…
Je suis
écœuré, choqué. Pourvu que ce soit terminé. Je ne supporterai pas de voir une
image de plus…
21 h 00 le même jour.
Je n’en
peux plus. Je ne saurais dire depuis combien de temps je vis cet enfer. Qui est
assez fou pour mettre en place ce type d’expérience… ? Je dois l’être
d’avantage pour avoir accepté… J’ai beau réfléchir, je ne me souviens de rien.
Je ne sais vraiment pas comment j’en suis arrivé à ce point de non retour. Il
semblerait que l’expérience ne compte pas s’arrêter là…
J’ai
envie de hurler. De crier ma peine et ma douleur. Leur dire d’arrêter, que je
ne souhaite pas continuer, que je voudrais revenir à la vie normale… Mais je
suis incapable de prononcer le moindre mot… mes lèvres bougent mais aucun mot
ne parvient à franchir leur seuil… Je suis toujours perclus dans ce lit, je ne
peux même pas lever le petit doigt… Personne ne vient, mais on me surveille
toujours. Le nombre incalculable de décharges électriques l’atteste
allègrement…
Le film
cesse. Enfin. Tous ces enfants. C’est une abomination. L’écran redevient noir
quelques secondes, puis un message s’affiche. « A DEMAIN MONSIEUR X. BONNE
NUIT ET FAITES DE BEAUX RÊVES » Des larmes coulent sur mes joues. Je peux
enfin fermer les yeux… Je n’ose même pas chercher à savoir ce qui va se passer
demain. Je me demande néanmoins une chose, tout le temps que mon regard était
pointé sur l’écran, je ne suis jamais apparu… pas une seule fois… Je ne suis
pas acteur de ces horreurs, c’est impossible… quel terrible sort me
réserve-t-on ? Demain.
Lundi 31er janvier 2005 – 7 h 30 du
matin
Mon
calvaire ne semble pas avoir de fin. Je suis ainsi depuis des semaines, des
mois peut-être même des années… je ne saurais le dire, vu ma position. On
s’occupe de moi, même si à chaque fois que je quitte cette pièce, c’est
toujours les yeux bander et dans un silence de mort. Je ne sais toujours pas où
je suis, depuis quand et avec qui… si je suis le seul à vivre cette horrible
expérience… Peut-être que c’est ce qu’ils attendent… que je me souvienne de
toutes ces horreurs que je semble avoir commises. Que je confesse. Tous ces
enfants à qui j’aurais fait ces choses innommables… Ou bien peut-être que je
suis l’un de ces enfants… mais alors pourquoi tout ce cinéma… Putain. Putain de
mémoire…
En réalité, je voudrais mourir. Mourir
pour ne plus vivre cet enfer. Après un
nombre d’heure considérable de visionnage forcé, j’ai fini par avoir quelques
réponses… En faite, une seule. Mais qui a résumé parfaitement la situation.
J’ai beau ne pas me souvenir de quoi que ce soit, les images parlent pour moi.
Pour ma mémoire qui me fait défaut… Et quelque chose me dit que ça ne se
s’arrêtera pas là… L’écran s’arrête à nouveau. Toujours le même message qui
s’affiche. « A DEMAIN MONSIEUR X… ».
Mercredi 1er janvier 2014 - 7 h 30 du matin
Presque dix
ans. Dix ans que je suis enfermé ici à perpétuellement voir et revoir ces mêmes
vidéos. Il y en a des centaines, mais en dix ans, j’ai eu le temps de les
visionner un nombre de fois mémorable… Je les connais par cœur. Toutes. Sans
exception.
Je
voudrais mourir. Mais pas eux ! Je m’appelle Leonard. J’ai 42 ans. Les
seules choses que ma mémoire à bien voulu me laisser jusqu’au jour ou j’ai
atterri ici... Et je suis… Je suis un… t…
…Merde,
l’écran se rallume. Cela fait pourtant plusieurs jours qu’il est éteint… Je
croyais que c’était terminé… Un homme apparait à l’écran. « Bonjour Monsieur X » Cette voix. Je connais cette
voix. C’est celle des haut-parleurs. C’est donc lui l’homme qui me détient ici
depuis tout ce temps… Il ne dit plus rien. Il regarde la caméra, droit devant
et me montre une photo. La photo d’une petite fillette… dix ou onze ans
peut-être… il garde le silence encore un long moment, ses yeux sont vissés sur
moi, s’ils étaient une arme, je serais déjà mort…et finalement, il dit :
-
Vous
m’avez pris ce que j’avais de plus précieux, monsieur X… désormais, votre vie
m’appartient…
L’écran
redevient noir à nouveau. Je sens mon cerveau en ébullition. Ma mémoire
travail. Je reconnais cette enfant. Cette petite fille, son petit visage rond… Ses
toutes petites mains… Son joli petit sourire avant qu’elle ne comprenne… On
n’oublie jamais sa première victime. Jamais.
Vendredi 31 janvier 2014 - 7 h 30 du matin
Ce matin,
la police a reçue une mystérieuse lettre. L’adresse du domicile d’un médecin
réputé qui avait cessé d’exercer il y a de cela dix ans. La lettre ne donnait
aucune explication particulière, la police devait se rendre dans sa maison, un
colis les attendait… Et quel colis, Leonard Brandt, le tueur en série d’enfants
qui avait tout bonnement disparu de la circulation depuis 10 ans … Dans un état
plus que lamentable… Une véritable loque. … Quant au médecin, disparu à son tour…
Samedi 31 juillet 2015 – 7 h 30 du matin
Le décor
a changé. Un lit d’hôpital. Une chaise roulante. Des barreaux. Gris, tout est
gris. Les murs sont gris, le sol est gris, les barreaux sont gris… Le gardien m’aide à m’assoir
sur mon lit. Ce matin, j’ai reçu une lettre, assez volumineuse. Il
l’ouvre et moi, je me demande qui à bien pu m’envoyer ce paquet, je ne reçois
jamais rien ici, si ce n’est quelques lettres d’insulte ou de menace qu’on ne
me laisse jamais lire mais dont j’ai eu connaissance par le directeur de la
prison. Le gardien, introduit sa main à l’intérieur et en retire son contenu
qu’il me montre… Ce sont des photos. Les photos de tous ces enfants…
Aujourd’hui encore je ne comprends pas comment j’en suis arrivé là… L’envie de
les lui arracher des mains et de les balancer à l’autre bout de ma cellule me
traverse de part en part… Je suis à bout. Le gardien sourit.
Dans le
tas, un couteau. Une lame bien affutée… J’ai compris le message… Il est revenu
pour moi. Rien que pour moi… Mais avant, une dernière question me taraude,
pourquoi avoir attendu tout ce temps avant de me t…
Le sang à
coulé. Le gardien quitte la cellule de la prison. Cette prison dans laquelle il
ne remettra plus jamais les pieds…
Fin…
He beh he beh ! quelle nouvelle ! contente de découvrir ta plume, j'ai bien aimé ton histoire ! Ca fait un peu froid dans le dos, j'espère ne pas en rêver cette nuit d'ailleurs :-P En tout cas j'espère que tu continues d'écrire ! :)
RépondreSupprimermerci beaucoup. J'ose espérer que tu n'as pas fait de cauchemar cette nuit lol. Merci pour l'encouragement, j'espère continuer aussi...
SupprimerTrès belle nouvelle, je suis vraiment sous le charme de ta façon d'écrire !
RépondreSupprimerMerci beaucoup Vampilou, je suis ravie que ça plaise...
SupprimerWaouh ! Ben dis donc ! :)
RépondreSupprimerChapeau !
Merci beaucoup...
SupprimerFélicitation, c'est très bien écrit ! =)
RépondreSupprimerMerci beaucoup.
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